marie-hélène le ny

  Infinités plurielles

 photographiste






«
Ma vocation médicale remonte à l'enfance. Inspirée par Albert Schweitzer, j'ai voulu faire de la médecine humanitaire. Pendant mon internat, j'ai intégré des équipes de réputation internationale et j'ai beaucoup appris sur la démarche médicale. Inspirée par la science dure, elle doit tenir compte de l'incertitude de la science médicale dont tout l'art est de réussir à démêler le vrai du faux dans l'investigation médicale, dans l'évaluation des thérapeutiques etc. Cela relève à la fois des sciences humaines et des sciences dures, de l'épidémiologie, de la statistique et de la science fondamentale pour la mise au point de traitements. Indispensable pour soigner correctement les gens, l'empathie est aussi importante que la formation scientifique. Malheureusement la formation scientifique et technique a largement pris le pas sur le développement de l'esprit critique, de l'esprit de responsabilité et du travail sur la relation humaine - qualités professionnelles qu'il faut développer.

J'ai déployé une démarche scientifique rigoureuse pour redémontrer l'immense toxicité du Médiator, déjà connue mais dissimulée. J'ai aussi découvert la face sombre de ces évaluations scientifiques qui peuvent être profondément déformées, voire falsifiées, pour des questions de conflits d'intérêts - entre notamment industriels, milieu scientifique et milieu médical. Le système universitaire actuel encourage le recours de plus en plus important aux financements privés parce qu'il y a un assèchement des financements publics de la recherche à tous les niveaux - ce qui ne peut conduire qu'à des conflits d'intérêts et à du gaspillage. Basée sur l'apprentissage de l'esprit critique, du libre arbitre et de la responsabilité, mon éducation protestante m'a rendu évident ce que je devais faire. Mais j'ai été rattrapée par l'histoire puisque l'affaire du Médiator et l'indispensable procès qui s'en est suivi pour faire établir les faits, m'ont fait basculer dans un engagement tant professionnel que personnel. »

Irène Frachon,
Pneumologue, Centre Hospitalier Universitaire Cavale Blanche de Brest


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