Marie-Hélène Le Ny

 Cité de Refuge
1993

 photographe





La Cité de Refuge

    Commandée à Le Corbusier par l'Armée du Salut, la Cité de Refuge, a été construite en 1933. Depuis lors elle abrite des personnes en difficulté et pourvoit à leur besoins élémentaires. Loger, nourrir et tenter une réinsertion par le travail sont les trois priorités de l'équipe socio- éducative de la Cité qui vient soutenir les salutistes dans leur mission.
    L'architecture fonctionnelle de Le Corbusier vise, dans un ordonnancement remarquable, à ce que chacun trouve sa place. La rationalité de l'espace contribue en elle-même à faire respecter un certain ordre dans une cité qui se veut autonome, et dans laquelle tous les problèmes liés à la survie matérielle peuvent être traités. Cette autonomie de la Cité peut être vécue différemment par ses habitants, d'une part comme une protection contre le monde extérieur devenu temporairement hostile, d'autre part comme un enfermement, une mise à l'écart. Ces deux sentiments peuvent coexister chez des individus dont les difficultés plus ou moins provisoires à se prendre en charge de manière autonome n'impliquent pas forcément un goût pour la vie en communauté et les multiples contraintes qu'elle exige de chacun de ses membres.

    Le bâtiment, qui se dresse majestueusement au 12 de la rue Cantagrel, dans le 13ème arrondissement de Paris, comporte 11 niveaux, de ses réserves en sous-sol jusqu'au plan terrasse d'où l'on a une vue très étendue sur tout l'est parisien. Le hall d'entrée, accessible à tous, distribue deux parties distinctes dans les étages supérieurs : l'hôtellerie hommes et l'hôtellerie femmes qui abritent près de 300 personnes en dortoirs ou en chambres individuelles. La situation remarquable de la cuisine, dans la parcelle reliant deux rues de niveaux différents, lui confère une desserte verticale vers les selfs, et une desserte horizontale directe sur la rue Chevaleret. Ainsi se trouvent facilitées les livraisons de tout ce qui peut être nécessaire pour confectionner plus de 500 repas par jour. Les sous-sols du bâtiment contiennent également tous les ateliers nécessaires à son entretien et à celui de ses habitants (menuiserie, lingerie, électricité, plomberie etc...).

    Enfin, la cité s'ouvre sur le monde extérieur par le biais de son magasin, accessible au public, dans lequel sont mis en vente tous objets et mobiliers récupérés lors de vidages de caves ou d'appartements, que les travailleurs-hébergés de la Cité effectuent sur simple demande auprès de l'Armée du Salut. De nombreux vêtements et bibelots recueillis ou apportés au magasin par leurs donateurs y sont également vendus.

    
La Cité a été, en octobre 1993, le théâtre d'une exposition destinée à en marquer le soixantenaire. Le directeur, Monsieur Denis Lebaillif, avait demandé à un groupe de plasticiens normands et à ses invités, de réaliser des oeuvres en rapport avec le lieu et sa fonction d'accueil des sans-abri. C'est dans ce contexte que j'ai réalisé six photographies autour des différentes fonctions de la cité - loger, nourrir, réinsérer par le travail. Elles sont composées de collages élaborés avec des photographies prises dans la cité pendant plusieurs mois, auxquels j'ai superposé des fragments du plan du bâtiment. Reproduits et agrandis, ils étaient fixés dans des panneaux Decaux installés aux abords de la cité, jalonnant le parcours du public vers ce lieu d'exposition inhabituel...






Expositions


SORTIE