marie-hélène le ny

De l'autre côté du miroir
1994 

 photographiste





C'est comme un prolongement au travail réalisé en 1993, à la Cité de Refuge, que j'ai conçu l'exposition présentée en octobre 94 dans le même lieu. En 1993, la Cité fêtait son 60ème anniversaire. Pour marquer l'événement, son directeur a demandé au groupe ART SEINE TRI D -association de plasticiens hauts-normands, de réaliser des oeuvres en rapport avec le lieu et sa fonction d'accueil des sans-abri. Le groupe a sollicité 5 autres artistes afin qu'ils se joignent à lui pour cette exposition. Nous étions tous rassemblés par une sensibilisation particulière au problème qui nous était soumis.
Pour ma part, j'avais réalisé de nombreux clichés sur la Cité, sur son architecture bien sûr, mais également sur les hommes qui y vivent. Ce travail s'est construit après des jours et des jours d'exploration, d'écoute et d'attention aux résidants, et d'analyses des différentes données. Il ne s'agissait ni d'un reportage ni d'une prédation, mais du fruit d'une rencontre avec la Cité et avec ses habitants.

C'est dans le même esprit que j'ai entamé un second travail exposé à la Cité de Refuge dans le cadre du 13ème Art 94. C'est une série de portraits de résidants de la Cité, montrés sous forme de grands négatifs transparents. La plupart des personnes qui vivent là se sentent exclues, rejetées ou mises à l'écart par la société. Elles ont souvent du mal à s'accepter telles qu'elles sont, et donc aussi parfois à accepter leur image. Nous sommes tous concernés par la question de l'identité et la difficulté fréquente de s'identifier à soi-même. "Je est un autre", cet autre, je ne peux pas le photographier, mais je peux le suggérer en le donnant à voir autrement, remettant en cause la notion de portrait et de ressemblance. Dans un portrait en négatif, l'identification devient accessoire, il nous propose une énigme que nos codes de lecture des portraits photographiques ne permettent pas de décrypter directement. Il devient nécessaire d'accorder une attention différente à l'image, de la regarder autrement, et par là même de reconsidérer son modèle, d'aller voir ce qui se passe de l'autre côté du miroir... Cette attention accrue, ce regard attentif, c'est ce que chacun d'entre nous attend de l'autre, mais plus particulièrement encore ceux et celles qui ont bien voulu m'offrir leur image. Ils ne désiraient nullement être considérés en tant que résidants de la Cité de Refuge, mais simplement en tant qu'êtres humains.


série de 49 pièces uniques sur film argentique N&B,
10 (50 x 60 cm) montées sous 60 x 70 cm - à suspendre
39 (30 x 40 cm) montées sous 40 x 50 cm avec socles bois




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