| marie-hélène le ny |
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photographiste |
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Je
m'intéresse depuis plusieurs années aux conséquences
de la mutation des comportements alimentaires et à ses
épiphénomènes à l'échelle
mondiale. La culture, l'élevage, la préparation,
la conservation et le partage de la nourriture ont conditionné
les rapports humains pendant des siècles, façonnant
les corps et ses représentations, les religions, les mythes
et bon nombre de croyances populaires. L'homme était ce
qu'il mangeait : un chasseur, un cueilleur, un cultivateur
Aujourd'hui, le citadin occidentalisé est d'abord un consommateur,
se déchargeant de plus en plus des questions liées
à sa nourriture sur l'industrie, le marketing et la publicité.
Il sacrifie l'élément essentiel de sa survie et
de son bien-être physique au rendement et au profit. Il
perd la notion de ce qui est sain pour son corps et nécessaire
à ses équilibres vitaux. Il laisse les marchés
viser l'uniformisation des comportements par la mondialisation
d'une consommation normative, calibrée et industrialisée,
au détriment des traditions locales de production et d'alimentation.
Cela génère des déséquilibres alimentaires,
en qualité et en quantité, et l'on voit se développer
des pathologies graves et endémiques liées à
des comportements aberrants : anorexie, boulimie, allergies,
obésité
Dans ce projet initié en 2001 à Sherbrooke, au Québec, et poursuivi dans le bassin minier, j'ai photographié des personnes aux comportements différents et parfois pathologiques : hommes, femmes, enfants - tous âges confondus, sollicitant ruraux et citadins. A cet égard la diversité du bassin minier où j'ai travaillé dans le cadre de l'exposition de Sallaumines, est très intéressante car on y rencontre des populations d'origines différentes conservant des traditions alimentaires exogènes associées à celles de la région. Ce projet a ensuite été enrichi dans d'autres régions françaises... |