photographie
Anne Le Goff
Les 22, 23
et 24 mai 1992 eut lieu la première Photofolie, organisée
par le ministère de la culture. Elle se voulait une manifestation
conviviale axée sur une pratique festive et populaire
de la photographie.
A cette occasion, je me suis installée dans la rue, afin
de réaliser des photographies de familles. De par le développement
de la photographie domestique de masse, le portrait familial
"posé" chez le photographe s'est raréfié,
au profit d'une photographie qui témoigne de la vie des
familles de façon plus vivante et moins conventionnelle.
Cependant, il y manque presque toujours un ou plusieurs membres
de la famille, ou bien ils ne sont pas tous visibles.
Je me suis donc installée dans mon quartier, le 13ème
arrondissement, sur la dalle des Olympiades, dalle piétonne
entourée de grands immeubles qui abritent environ 15 000
personnes. Au carrefour des 4 accès principaux, j'ai peint
un vaste cercle sur le sol, cercle dans lequel je demandais aux
passants de venir poser en famille.
Cette petite mise en scène instaurait une photographie
"posée", volontaire, et un échange avec
mes modèles. Après une période de méfiance
pendant laquelle les enfants ont les premiers répondu
à ma demande, les familles ont joué le jeu. Souvent,
après être passé près de moi, un père,
une mère ou un enfant revenait avec le reste de la famille.
Conviviale et sans prétention, cette intervention m'a permis de réaliser
environ 300 portraits de familles et de groupes, où la
joie de certains contraste avec la gêne de certains autres
qui ont mis beaucoup de solennité dans leur pose, peu
habitués qu'ils sont à être sollicités
pour eux-mêmes, et inquiets de l'image qu'ils vont donner.
Le deuxième volet de cette opération me semblait
évidemment être une exposition. Elle s'est inscrite dans le cadre
du 13ème Art, au cours de l'automne 1992.
Le quartier offrant peu de lieux adéquats, et comme je
voulais que tous les protagonistes puissent la voir, même
ceux qui ne fréquentent pas les lieux d'expositions, j'ai
décidé d'occuper le site même de la prise
de vue. La dalle des Olympiades supportant une galerie commerciale
de plein pied donnant directement sur l'extérieur, j'ai
demandé à tous les commerçants d'investir
leurs vitrines - ce qu'ils ont accepté. J'ai alors installé
65 photographies de format 50 x 60 cm sur l'ensemble des vitrines
des commerces, visibles de l'extérieur.
Afin de poursuivre l'installation hors de la dalle, et de renforcer
sa présence, une colonne Morris de la rue de Tolbiac a
été habillée de 4 tirages de 150cm x 127cm
ainsi que d'une grande affiche annonçant l'exposition.
Ont également été posés aux accès
de la dalle, 4 panneaux Decaux dans lesquels étaient
fixés des tirages de grands formats.
Après une inauguration en famille, et dans la bonne humeur,
au Quick de la dalle, tous ont pu se retrouver, ainsi
que leurs parents ou amis, dans les vitrines environnantes. |
|