marie-hélène le ny

  Infinités plurielles

 photographiste





« Quand j'étais gamine, j'étais passionnée par tout ce qui était scientifique - la physique, l'astronomie. J'ai toujours eu l'impression que je deviendrais scientifique. J'ai fait Polytechnique, nous n'étions que 18 filles sur 360 élèves – du coup nous étions assez solidaires. Comme je désirais vivre et travailler en Bretagne, je me suis tournée vers l'océanographie. J'ai fait une thèse sur les tourbillons d'échelle moyenne dans l'océan avant d'entrer au CNRS. Ces anneaux, filaments et méandres qui tourbillonnent, il y en a partout dans l'océan. Ce qui m'a séduite, c'est la simulation sur ordinateur de l'océan en général et de ces tourbillons en particulier. Je cherche à comprendre comment ils contribuent au transport de chaleur et de sel dans l'océan. Au début des années 1990, nous avons amélioré les modèles grâce à des ordinateurs plus puissants. Certains courants ont même été découverts dans les modèles avant d'être observés, comme celui que nous avons baptisé East Reykjanes Ridge Current.

Le réseau Argo est composé de petits robots flottants qui quadrillent l'océan mondial pour mesurer des profils de température et de salinité. Opérationnels depuis le début des années 2000, ces 3000 flotteurs nous permettent d'évaluer le réchauffement de l'océan et de calculer la hausse du niveau de la mer. J'utilise ces données et celles des satellites afin de valider et améliorer les modèles numériques dont je suis devenue spécialiste. Leur utilisation conjointe nous permet d'obtenir des projections climatiques plus robustes et de tester des hypothèses sur le fonctionnement de l'océan. Le réchauffement est une vérité qui dérange ! Le niveau de prise de conscience général du réchauffement reste faible et c'est un danger pour la démocratie. Aussi je me suis portée volontaire pour participer aux travaux du GIEC. Les organismes marins s'adapteront peut-être plus facilement que les végétaux, mais nombre d'inconnues subsistent, comme l'activation de certains virus. »

Anne-Marie Tréguier,
Océanographe, directrice de recherches - CNRS, Université de Bretagne Occidentale


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