marie-hélène le ny |
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photographiste |
« Le
cinéma n'est pas fait pour être étudié, mais
un ensemble de connaissances sur le montage, la façon
de filmer et de choisir les plans, me semble une sorte pré-requis
pour recevoir les films avec un regard plus critique. J'amène
les étudiants à savoir décoder les films,
à se poser des questions sur ce que le scénario
fait aux personnages et sur la façon dont ils sont filmés.
Avec le personnage de la vamp, le cinéma s'est installé
dans une construction du féminin extrêmement stéréotypé
qui posait la femme en objet du désir masculin. La mise
en scène souligne cette femme objet de désir avec
un certain type d'éclairage, un certain type de plans.
Le cinéma a représenté des personnages vus
au théâtre ou dans la littérature, avec cette
construction freudienne de la femme passive et de l'homme actif.
Le cinéma n'était pas là pour changer notre
façon de raconter les histoires, de voir le monde et de
construire le féminin et le masculin.
Quels types de films font les femmes qui intègrent la réalisation cinématographique - un métier majoritairement masculin ? Qu'est-ce qu'elles intériorisent ? En quoi innovent-elles ? Qu'est-ce qu'une bonne héroïne, un bon personnage ? La transgression première a été de donner un regard et une voix aux personnages féminins, c'est à dire de ne plus les soumettre, ne plus les cantonner aux rôles de faire-valoir des personnages masculins mais leur permettre de dire, de voir. Le regard est construit différemment, ces femmes regardent, la narration s'organise autour d'elles. Dans les années 1990 où les femmes se mettaient à parler de sexualité et à la montrer, c'était la transgression ultime, très vite devenue norme. Quand c'est une femme qui montre la soumission d'une femme, la réception peut être redoutable et l'impact de ces représentations avoir un effet négatif qui ne va pas forcément faire évoluer cette question des représentations. » |
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Brigitte Rollet Chercheuse, CHCSC, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines |
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