« J'ai
fait ma thèse en droit comparé et quelques années
plus
tard j'ai réussi le concours d'agrégation des facultés
de droit. Je suis actuellement professeure de droit public à
Toulouse. Littéraire, j'ai d'abord fait une Hypokhâgne,
mais la justice m'attirait beaucoup et j'ai ensuite étudié
le droit privé. En DEA j'ai découvert le droit
constitutionnel avec Louis Favoreu, et développé
un goût pour la recherche. Cette étude de l'organisation
des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire
au sein de l'état m'a passionnée. Le droit constitutionnel
ne peut pas s'envisager sans la relation avec le politique. C'est
dans une optique de droit comparé que je l'enseigne à
mes étudiants, nous comparons les régimes parlementaires
européens par exemple...
Parmi les juristes, les constitutionnalistes sont souvent consultés
par les
autorités gouvernementales ou parlementaires. J'ai fait
partie de la commission
dite Jospin, de déontologie et de rénovation de
la vie politique publique.
En
France, on s'est rendu compte assez tardivement
que
le texte le plus important était la constitution - le
texte qui était considéré comme sacré,
c'était la loi. À cause des lois antisémites
sous Vichy, on a mesuré l'importance attachée à
un texte supérieur - la constitution - et l'importance
concomitante d'un organe chargé de contrôler que
les lois ne violent pas cette constitution. Pour ce faire, le
Conseil constitutionnel a été créé
en 1958. Il comprend neuf membres nommés - plus les membres
de droit, à savoir les anciens présidents de la
République, ce qui est une aberration. Trois femmes seulement
y siègent actuellement, pourtant elles sont nombreuses
à présenter les compétences nécessaires.
La France est en retard pour faire passer l'égalité
femme/homme du droit à la réalité. Il y
a encore beaucoup de sexisme, même à l'université.
La parité permet de faire bouger les choses et j'en salue
les effets, tout en me méfiant de ses fondements idéologiques. » |
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