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« Il ne faut pas avoir peur de la philosophie ! En France nous voyons le travail de la pensée comme un exercice solitaire et la capacité à argumenter manque beaucoup aux français. En philo, il ne faut pas vouloir comprendre tout, tout de suite, il faut accepter de ne pas comprendre un petit moment avant de comprendre. Les professeurs de terminales sont extraordinairement importants pour appréhender la philosophie, qu'on pourrait commencer beaucoup plus tôt. Il faudrait également donner une solide formation philosophique aux scientifiques. Pour ma part j'ai eu très tôt envie de faire de la philo et de la recherche. Mon goût des questions politiques m'a conduit à faire une thèse sur l'émergence de la pensée économique en France au XVIIIe s., qui a été publiée au PUF. J'ai obtenu l'agrégation de philosophie et enseigné à l'université. Je travaillais sur Montesquieu et l'histoire de la philosophie politique et économique.

L'année du sommet de la terre à Rio, j'ai eu l'occasion d'aller à Porto Alegre, à un colloque d'éthique environnementale auquel participaient les principaux représentants américains de la philosophie de la nature. La question de la nature ne va pas de soi en Europe. Il serait temps que nous nous rendions compte que le monde n'est pas entièrement fait pour nous et qu'il n'y a pas que nous qui comptons. A partir du XIXe siècle, le développement de la société industrielle a progressivement répandu l'idée que l'homme allait tout dominer. Il faudrait peut-être sortir de cette idée-là ! Je suis au conseil scientifique des parcs nationaux de France et par ailleurs, j'ai été élue présidente de la nouvelle Fondation de l'Écologie Politique. Des intellectuels y sont chargés d'enrichir le débat public sur l'écologie politique. Je pense qu'il y a une exigence de l'écologie à développer au niveau européen, dont la dimension culturelle est particulièrement importante. »

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