marie-hélène le ny

  Infinités plurielles

 photographiste





« J'ai grandi à Cadix où j'ai fait des études d'anglais et de français. En anglais, j'ai eu des enseignant·e·s qui nous faisaient découvrir des auteur·e·s qui nous mettaient face à des questions inédites de sexualité, de féminisme, de genre, de “race”. Il·elle·s nous faisaient aborder ces questions nouvelles en décloisonnant notre imaginaire. Ensuite, j'ai fait des études de français et découvert la littérature négro-africaine d'expression française. Avec le statut d'étudiante-collaboratrice, j'ai travaillé avec une enseignante qui s'intéressait à l'éducation des filles qui furent les premières institutrices de la brousse au Sénégal - les premières femmes à écrire et à publier. J'ai classifié nombre de documents et de textes qui m'ont fait comprendre l'importance de l'éducation des femmes. Plus tard, enseignante-assistante en Martinique, je découvre des femme potomitan et je lis Gisèle Pineau et Maryse Condé qui m'intéressent beaucoup. Les hommes n'avaient jamais investi ces domaines-là !

J'ai fait un DEA sur la représentation du génocide rwandais par des femmes, cela m'a confrontée à de nouvelles façons de penser et encouragée à faire une thèse sur la violence extrême à l'épreuve du genre. Assez sournoisement, la peur est inculquée aux femmes de toutes cultures et à tout âge. On ne se sent jamais légitimes ! Dans le groupe Gradiva, nous remettons en question ces paradigmes masculins-féminins. Contractuelle LRU, j'enseigne la langue et la traduction à mi-temps afin de poursuivre ma recherche, qui nourrit mes cours. Actuellement je travaille sur Rosario Ferré, une autrice portoricaine qui écrivait en espagnol et en anglais et que j'ai eu le plaisir de traduire. J'explore l'hypothèse d'une langue mère, composée de toutes nos langues - maternelle, acquise, adoptée, adaptée, côtoyée... Le langage nous confère une matrice de sens qui nous aide à comprendre ce que nos sens perçoivent, tout ce que nous intégrons dans une langue qui nous est propre ! »

Nathalie Narvaez,
Enseignante-chercheuse, faculté de lettres, Université de Bretagne Occidentale


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